France Télévision* et TF1** ont initié le mouvement avec des innovations exploitant la norme de diffusion européenne HbbTV. Aujourd’hui, i>télé franchit une étape supplémentaire en lançant son application connectée qui adresse tous les programmes de la chaîne. Une première dans l’hexagone qui augure sans doute d’un futur que le groupe Canal marque de son empreinte en apportant son petit + d’avance.
Hybrid Broadcast Broadband TV (HbbTV) est une norme européenne née en février 2009 de la fusion du projet français H4TV et du projet allemand German HTML profil.
Utilisant des technologies ouvertes telles qu’HTML, CSS, JavaScript, etc, le standard HbbTV permet aux chaînes de télévision de publier en plus et en accompagnement de leurs programmes télévisés, des contenus et des services additionnels.
Deux modes sont possibles :
> Soit directement en mode broadcast avec le signal diffusé (TNT, Câble, Satellite)
> Soit en mode broadband : le récepteur est connecté à Internet et les chaînes peuvent enrichir leurs services avec des contenus en ligne édités par elles. C’est l’exemple de l’application i>télé.
Le principe est d’une simplicité déconcertante ; vous regardez la télé en live et un menu éditorialisé s’affiche quand vous le souhaitez.
La TV connectée en France
> L’IP TV via les boxes (et le câble) que beaucoup connaissent, environ 10 millions de foyers français en sont équipés aujourd’hui.
> La Smart TV : plus besoin de boxes, 3, 5 millions de foyers équipés mais seulement 1 million de foyers possèdent le nouveau standard HbbTV, qui représente 50% des ventes actuellement
Certes la télévision connectée n’est pas une nouveauté dans le paysage audiovisuel mais le modèle d’application proposé par i>télé est extrêmement convaincant. Sous la forme d’un portail harmonisé, l’application propose un accès instantané à tous les programmes d’i>télé : sujets, bulletins, magazines, chroniques, plus besoin de quitter la chaîne pour bénéficier du replay via le menu d’une interface tiers, box ou application, ou d’aller sur le site web de la chaîne pour visionner un programme. Live +VOD + internet : tout est à portée de clic pour offrir au téléspectateur un parcours plus fluide et plus confortable. Bienvenue dans l’ère de la télévision délinéarisée et de l’immédiateté !
Le choix de l’expérience éditoriale au détriment de la dimension sociale
Selon une étude Médiamétrie menée en avril-mai 2012, le téléviseur reste l’écran privilégié par le public pour la consommation de contenus et programmes TV : 97,9% des individus de 15 ans et + déclarent regarder la télévision en Live ou en Catch-up sur un téléviseur. Viennent ensuite l’ordinateur : 31,9%, – le smartphone : 8,1% – et la tablette : 3,5%
Alors que certaines applications TV (comme celle de l’émission C dans l’air sur France 5) ou d’autres conçues pour tablettes et smartphones (TF1, M6, Shazam, etc) permettent d’interagir en direct ou de poster des commentaires sur les réseaux sociaux, le choix des responsables i>télé est différent pour cette première version : l’usage est plus centré sur l’harmonisation et la mise à disposition de contenus que sur l’aspect participatif, ces derniers considérant que la télévision était d’abord un support familial et que la télécommande n’était pas un outil adapté. A ce jour, les chiffres valident cette option ; 74% des internautes utilisent un second écran en parallèle de leur consommation TV, smartphones et tablettes restent des devices personnels dont l’ergonomie et les fonctionnalités tactiles sont bien plus appropriées aux différentes formes d’interactions sociales autour des programmes : recommandation, conversation, co-création.
La donne pourrait rapidement changer, regarder la télévision en Live ou en Catch-up sur un autre écran que le téléviseur – ordinateur, smartphone ou tablette – est une habitude qui progresse. En tant qu’utilisateur, je crois beaucoup plus au potentiel télévisuel des tablettes (3 millions de foyers équipés en 2012), la taille d’écran étant bien plus adéquate que celle d’un smartphone pour assurer une lecture de qualité. Si on ajoute que la 4G qui s’installe peu à peu autorisera une grande mobilité d’usage, on peut légitimement penser qu’une version 2 intégrant des fonctions sociales verra le jour pour les seconds écrans.
C’est notre télévision de demain qui prend forme avec cette nouvelle tendance : on s’apprête désormais à entrer dans l’ère du « second écran », supposant non pas un usage simultané de plusieurs écrans (comme c’est le cas dans le cadre de la social TV actuelle) mais un usage connecté maximisant l’interaction et la complémentarité des contenus.
L’application va favoriser la consommation de rediffusions et de contenus additionnels publiés sur le web en captant la génération habituée à consommer de l’internet, et en touchant une audience plus traditionnelle qui n’y va jamais
Des contenus mieux partagés, des documentaires produits en association avec les marques
La couverture quotidienne représente 7.5 millions de téléspectateurs. i>télé estime que plus d’un visiteur sur deux visite son site web pour y consommer du live.
i>télé, comme de nombreux acteurs du domaine, a renforcé depuis quelques années sa présence sur le web, et y propose du live, les rediffusions et quelques contenus additionnels. En agrégeant toute cette offre à son portail TV et en rendant l’ensemble immédiatement disponible, la chaîne souhaite optimiser la couverture de ses programmes en séduisant un public peu enclin à surfer sur internet ou qui tout simplement n’avait jamais visité son site.
Mais ce qui pourrait vraiment évoluer concerne le contenu enrichi que la chaîne va pouvoir créer en association avec des marques qui viendra enrichir sa grille et ses revenus publicitaires. Comment ne pas envisager de mettre en place des opérations avec des sponsors pour développer des thématiques : imaginons un documentaire sur l’industrie du parfum accompagné par un bonus coproduit par une entreprise cosmétique, une interview d’un sportif célèbre suivie par l’actualité de son équipementier, etc, des suppléments que les téléspectateurs auront le choix de visionner ou pas en fonction de leurs affinités. D’autant plus que la norme HbbTV simplifie la personnalisation des menus et permet de savoir qui a regardé quoi et donc de mesurer l’efficacité de chaque partenariat.
A l’instar de ce que nous démontre i>télé avec cette innovation, cette nouvelle génération de Smart TV va bouleverser nos usages avec des bénéfices qui apparaissent multiples : fluidité, interactivité, contenus enrichis, possibilité de nombreuses opérations avec les marques qu’il faudra inventer, sans oublier le volet social (à venir prochainement ?). Pour avoir découvert le pilote de l’application, je suis convaincu de la pertinence du modèle, qui je l’imagine sera adapté par d’autres chaînes, elles auraient tort de s’en priver.
Néanmoins, tous les professionnels s’accordent à dire que nous sommes encore en phase d’expérimentation, et malgré tous les efforts dont pourra faire preuve le groupe Canal+ pour promouvoir cette initiative, il faudra sans doute un peu de temps pour convaincre téléspectateurs et annonceurs. Du temps pour que le la technologie HbbTV, seulement 1 millions de foyers équipés en France avec cette norme et des prix d’achat encore très élevés (à partir de 1000 euros), se démocratise et touche plusieurs millions d’utilisateurs, du temps pour que les principaux radiodiffuseurs disposent de leur propre application afin d’insuffler une dynamique irréversible, du temps pour que la 4G s’installe et garantisse un débit suffisamment puissant pour transformer nos tablettes en véritables téléviseurs mobiles.
Car au final, c’est bien le second écran qui pourrait accélérer l’attractivité de l’HbbTV et en démontrer sa valeur ajoutée auprès du plus grand nombre : selon Michael Jovanovic, responsable du marketing digital chez i>télé, « la télévision connectée devrait accélérer la création de dispositifs innovants reposant sur le second écran. Des nouveaux dispositifs qui démontreront aux individus peu connectés que le digital permet des expériences et interactions nouvelles. Des dispositifs qui permettront aussi de convaincre des individus réfractaires aux médias traditionnels que la TV a changé : elle s’est (enfin) connectée avec son temps ».
C’est l’un des enjeux qui se dessine à travers le lancement de cette nouvelle application, un dispositif technique et éditorial précurseur que la chaîne va pouvoir tester en grandeur nature dès aujourd’hui pour en tirer des enseignements et des avantages concurrentiels que le groupe Canal ne manquera pas d’intégrer au menu de ses projets.
**France Télévision a développé une application pour l’émission C dans l’air (France 5), a initié différentes opérations avec des marques pendant Roland-Garros et les JO de Londres, et propose également la fonction de rembobinage Salto, qui permet de reprendre au tout début un programme en cours de diffusion
**TF1 a mis en œuvre en juillet 2012 une campagne de publicité interactive pour l’assureur Amaguiz autour de son offre automobile Pay as you drive : avec leur télécommande, les téléspectateurs pouvaient accéder à un mini site dédié, contacter le centre d’appels d’Amaguiz ou laisser leurs coordonnées pour se faire rappeler et bénéficier d’une offre promotionnelle
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