
Dans cet article, je propose à Malt et aux plateformes d’intermédiation le Pacte FREELANCE, un dispositif qui permettrait de mettre en place une pratique vertueuse en fixant un prix plancher pour chaque prestation. Cette démarche pourrait séduire ETI et grands groupes qui développent une politique d’achats responsables.
Dans freelance, « free » signifie liberté mais pas gratuité !
Tout d’abord, qu’est-ce que le travail en freelance ? Et pour y répondre je vous invite à lire la très bonne synthèse de LegalPlace.
Autonomes et souvent passionnés par leurs métiers, les freelances ne sont pas des artistes mais des artisans au service des entreprises. Nous répondons à un besoin et à un brief précis et être rémunéré à un juste prix n’est pas si évident.
Pour illustrer ce propos, dans le domaine de la vidéo, il arrive régulièrement que l’on nous propose d’être payé en visibilité et ces demandes de prestations gratuites sont amplement commentées avec humour et dérision sur des groupes Facebook tel que le repaire des filmmakers.
Aujourd’hui, ce n’est que ma perception, mais il me semble que l’on assiste à une dérive des prix par le bas sur des prestations très simples et j’ai conscience que j’ai moi-même alimenté ce processus en proposant un tarif au ras des pâquerettes sur certaines missions. Force est de constater qu’il y aura toujours un prestataire qui proposera moins cher. Les cartes sont brouillées et cela devient très difficile ; un jour ou l’autre, on va finir par payer les clients pour pouvoir travailler…
Avec le Pacte FREELANCE, je propose aux plateformes d’intermédiation de garantir un prix plancher pour chaque mission
L’appellation « Pacte FREELANCE » m’a été directement inspirée par Pacte PME, une association paritaire réunissant des grandes entreprises et des collectivités autour d’une ambition partagée : faire grandir les PME françaises et favoriser l’émergence de nouveaux leaders au sein de notre économie.
Mon objectif est plus modeste : il s’agit simplement de fixer et de garantir pour chaque mission freelance un prix plancher, correspondant à la fourchette basse du marché.
Comment j’imagine la mise en place de cette pratique ?
Chez Malt par exemple, le mise en compétition s’effectue soit via le client qui sélectionne lui même directement les profils sur la plateforme, soit via un conseiller qui vous contacte par téléphone pour vous proposer la mission, soit via l’application Malt Open.
Concrètement en amont de chaque mission, le client intégrerait dans sa demande de prestation un prix plancher qu’il fixerait lui-même en fonction de son expérience de projets similaires. La grande majorité des directions de la communication des entreprises possèdent les compétences techniques et métiers pour évaluer ce prix plancher.
Autre possibilité pour les petites structures, PME et entrepreneurs individuels un peu novices qui ne maitrisent pas forcément tous les paramètres, ce serait Malt qui fixerait le prix plancher. Là encore, c’est la force de Malt et de ses consultants qui bénéficient de l’expertise nécessaire pour accompagner le client dans sa recherche.
Nous pourrions même imaginer que Malt propose un simulateur de coûts pour effectuer cette opération. Pour la production vidéo, ce calcul combinerait une multitude de critères : format (reportages, ITW, Captation d’événements etc.), durée de la vidéo, plans de coupe, nombre de caméras, de micros, lumière, temps estimé pour le montage, intégration d’un habillage, de musique, d’animations, de sous-titres, etc, couplés avec le niveau d’expertise souhaité.
Protéger l’activité des indépendants français
Avant de publier ce post, j’ai sollicité l’avis de plusieurs responsables Achats et Communication sur cette suggestion et les retours sur ce micro échantillon sont unanimes, l’adhésion est totale, même si ce principe ne pourrait pas s’adapter à toutes les situations, ni à tous les métiers.
Prestataires, intermédiaires, clients, c’est du Win Win, chacun y gagnerait !
Pour un prestataire dans la communication comme moi, ce serait une source de motivation et une formidable avancée qui garantirait un revenu équitable et qui ouvrirait la porte à plus de transparence. Grâce à cette démarche vertueuse, chaque compétiteur pourrait soit s’aligner sur le prix plancher, soit proposer une offre supérieure en fonction de la valeur ajoutée qu’il pense apporter : expérience, qualité du matériel, compétences, créativité, etc.
Pour Malt, ce serait la possibilité de renforcer son rôle d’acteur engagé et de réguler à minima le marché des sous-traitants. Je suis convaincu qu’une entreprise qui valorise ses partenaires est une entreprise qui aime ses clients. La mise en place de cette pratique serait un puissant message adressé à son écosystème, et à l’ensemble de ses clients en les invitant à partager cet engagement et à participer à cette boucle vertueuse. De plus, en établissant un prix plancher, l’entreprise augmenterait mécaniquement ses revenus en bénéficiant de commissions plus importantes.
Allons un peu plus loin dans le raisonnement et ne reproduisons pas le syndrome du plombier polonais et de cette concurrence déloyale. Garantir un prix plancher constituerait un bouclier pour protéger l’activité des freelances français. Je lance une piste, tout reste à faire.
Votre avis m’intéresse…
Au delà des plateformes de mise en relation, chaque société, PME, ETI et grands groupes, pourrait s’approprier cette démarche et votre avis m’intéresse que vous soyez prestataire ou donneur d’ordre. Avez-vous connaissance d’une entreprise qui aurait déployé un tel dispositif ? Et que pensez-vous de cette notion de prix plancher ? Est-ce pertinent, réalisable ou totalement idéaliste ? Avez-vous des contacts, des idées pour promouvoir cette pratique ?
Je ne vous demande pas de relayer mon article mais vos retours sont les bienvenus et viendraient enrichir la réflexion.
A lire : Mieux comprendre l’impact des plateformes numériques sur l’emploi
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